Bonjour,

Pour certains d'entre vous, dyslexiques adultes, l'éventualité d'une transmission génétique à vos enfants ne fait pas de doute. Depuis que le diagnostic est établi pour notre fils, je me suis documentée, comme vous, j'ai découvert beaucoup de choses, comme vous, et il y a un point qui me pèse.

Voilà. J'ai appris à lire avec impatience, grand bonheur et facilité. J'ai eu de bons résultats dans les matières littéraires (français, histoire, latin). Mais, dès le CM, quand il a fallu aborder les maths, algèbre, arithmétique et géométrie confondus, sans parler des tables de multiplication, l'horreur a commencé. L'introduction des maths "modernes" au collège n'a rien arrangé. J'étais incapable de comprendre ou au prix de gros efforts, de faire les exercices, les contrôles était des catastrophes. Il y a une légende familiale sur l'histoire de mon désamour avec les fractions.

Par ailleurs, j'ai appris à marcher plus tard que mes soeurs et mon frère, d'après ma mère. Idem pour l'apprentissage du vélo. J'admirais ma soeur quand elle faisait du patin à roulettes ou sautait à la corde. Au collège, un conseiller d'orientation inspiré m'a collé une étiquette "d'incoordination motrice" qui a beauoup amusée ma famille, qui me surnommait gentiment "à droite,-à gauche". Apprendre à conduire fut comique, les manoeuvres épiques. A table, je tiens mes couverts à l'envers et accomplit certains gestes itou. La découpe d'une volaille est un exercice du haute voltige. J'ai toujours du mal avec l'horizontalité et la verticalité, la latéralité, lire l'heure. Et j'en passe.

Est-ce que ces éléments ont un rapport avec la dyslexie de notre fils. Autrement dit, suis-je la coupable ? Précisons que le papa a appris à lire en dehors du cadre scolaire et a fait de brillantes études, et qu'un neveu de mon côté, sans avoir été dépisté réellement, a rencontré de grosses difficultés scolaires et présente des troubles, pour moi associés, à la dyslexie.

Rassurez-vous, je n'en fais pas une fixation. Après tout, savoir qui ou quoi ne change rien à l'affaire. J'ai besoin de comprendre pour mieux soutenir notre enfant, ce qui m'apporte énormément sur le plan personnel. En le faisant travailler, j'ai l'impression de maîtriser des notions que je n'avais pas captées autrefois. Je vais pouvoir repasser un autre bac !

Et, vous savez quoi, parfois, je suis fière qu'il ne soit pas comme les autres ! Mais chut...